À ses débuts, le génie agroalimentaire consistait essentiellement aux travaux d’ingénierie appliqués au monde rural, comme son nom l’indiquait autrefois. Les principaux ouvrages s’effectuaient donc sur les fermes. Aujourd’hui, les fermes sont devenues des entreprises dans une industrie agroalimentaire internationale en plein essor. Les avancées effectuées permettent désormais au consommateur de bénéficier d’aliments diversifiés à tout moment de l’année.
La profession s’est aussi adaptée comme en font foi les nombreux champs d’activité possibles. Même qu’une formation en génie aussi générale que celle acquise par l’ingénieur agroalimentaire, aussi poussée et large sur les questions environnementales, lui permet de pouvoir exercer au-delà des limites classiques de sa profession et en fait un leader du développement durable. Cette perspective générale du génie peut même le préparer beaucoup mieux que d’autres ingénieurs à maîtriser tous les aspects d’un projet et surtout à identifier les risques, les implications et le besoin de recourir à une expertise particulière. Bien qu’il soit le professionnel le mieux placé pour orienter et concevoir les solutions techniques touchant l’environnement, l’agroalimentaire et l’écosystème planétaire, sa polyvalence, sa vision globale et son expertise particulière du développement durable peut l’amener à relever d’autres défis dans les autres branches du génie traditionnel.
La profession sort de plus en plus du cadre traditionnel et l’une des façons de s’en convaincre est de regarder l’appellation qu’on lui donne aujourd’hui à travers le monde. Les termes « rural », « agricole » et « agriculture » sont notamment sortis des programmes de génie des universités canadiennes alors que le génie agroalimentaire dans sa version anglophone s’intitule Biosystems Engineering ou Bioresource Engineering. La même chose s’est produite du côté de l’association canadienne des ingénieurs agroalimentaires où l’appellation anglophone regroupe la profession sous le thème de la bioingénierie (Canadian Society for Bioengineering). Aux États-Unis, l’évolution s’est arrêtée à mi-chemin. Les programmes des universités américaines sont de plus en plus reconnus sous les désignations suivantes : Agricultural and Biological Engineering et Agricultural and Biosystems Engineering. En Europe, la Commission internationale de génie rural (CIGR) s’appelle maintenant en anglais : International Commission of Agricultural and Biosystems Engineering.
Il apparaît donc clair que la profession évolue à grands pas. Autrefois restreinte au monde rural, voilà que le génie agroalimentaire s’étend à tout système biologique comprenant des organismes vivants de l’échelle moléculaire à la biosphère. En ajoutant la polyvalence de l’ingénieur agroalimentaire dans les différentes sphères du génie, il semble qu’il n’y ait à peu près pas de limites à ce qu’il peut accomplir. Le génie agroalimentaire est donc une profession unique et multidisciplinaire qui ouvre les portes sur de multiples possibilités.